L'actualité du football européen à travers ses buteurs d'exception.

mercredi 5 février 2014

On 2/05/2014 by Unknown in

Et si Pato avait laissé passer sa dernière chance ? Après la blessure de Falcao, les rumeurs laissaient entendre que le plan B de Ranieri pourrait bien être Pato, enterré depuis un an aux Corinthians. Mais les dirigeants du club de la principauté ont préféré Dimitar Berbatov, planqué à Fuhlam. La dernière chance de rebondir pour le brésilien est-elle passée ?

Dans la catégorie « Etoiles filantes », Alexandre Pato fait figure d’exemple. Et contrairement à Javier Saviola, lui il nous a fait espérer longtemps. Longtemps, on s’est dit : « Non mais il est blessé Pato... quand il va revenir, il va faire mal ».
Le gamin avait tout pour réussir et devenir un numéro 9 brésilien légendaire. Il avait la précocité, le nom à rallonge qui va bien (Alexandre Rodrigues Da Silva), et même les frasques personnelles si chères aux stars brésiliennes (le gars n’a pas froid aux yeux, il se tape puis largue la fille de Berlusconi, audacieux).
Des débuts tonitruants
Comme tous les talents bruts sud-américains, Pato commence très tôt à se faire remarquer. Mais le jeune Alexandre se démarque vite en plantant des buts déjà très importants à 17 ans. Une faculté qu’on reproche souvent aux Robinho et consorts de ne pas avoir, éternels bijoux, mais rarement présents dans les grands rendez-vous.
Pato, au SC Internacional, son club formateur, c’est un but et trois passes décisives pour son premier match professionnel à 17 ans, en 2006. Pato, c’est le plus jeune joueur de l’histoire à marquer dans une compétition officielle de la Fifa, la Coupe du monde des clubs. Le dernier détenteur de ce record, c’était le roi Pelé (bon ok, c’était en Coupe du monde lui mais quand même). La saison suivante donc, le « canard » (pato en brésilien) ne dispute que 9 matchs pour cinq golazos. Mais ce qui frappe, c’est bien premièrement sa capacité à marquer quand il le faut, à l’aller et au retour de la Recopa Sudamericana, l’équivalent de la Supercoupe de l’UEFA ; et deuxièmement sa capacité à casser des reins. Rapidité, crochets courts, un contre un dévastateur, le Pato a toutes les qualités requises pour être dans la droite lignée de son idole, Ronaldo, lui aussi passé parle futsal brésilien. Et l’Europe ne s’y trompe pas, une petite saison en pro, et le voilà parti pour le Milan.

Superstar à 19 ans
Transféré pour 22 millions d’euros, Pato rejoint à l’été 2007 la colonie brésilienne de San Siro avec Dida, Kakà, Emerson, son modèle Ronaldo, et peu après Ronaldinho. Il attendra janvier 2008 pour sa première entrée en jeu, et comme au SC Internacional, il plante dès son premier match contre le Napoli. Les images du jeune prodige, boostées par la presse italienne, font le tour des télés. Je me rappelle du bon vieux Christian Jeanpierre dans Téléfoot : « Il faudra suivre ce joueur ». Quelques minutes ont suffi pour comprendre que techniquement, il est bien au-dessus de la moyenne. Régulièrement titulaire ensuite, Pato plante son premier doublé trois matchs plus tard. Tout va vite, trop vite peut-être. Car en mars 2008, Pato rentre en jeu pour la première fois avec la Seleçao. Comme à son habitude, première apparition est synonyme de premier but, après une dizaine de minutes de jeu. Au total, pour sa première saison en Europe, 18 matchs de championnats et 9 buts, pas dégueulasse pour un gamin à peine majeur. Kakà dira « C’est le nouveau Ronaldo », et à cette époque, on y croit tous.


La saison d’après en 2008-2009, sera sa plus aboutie en terme de matchs joués. Presque une saison entière, la seule de sa carrière avec 36 matchs de championnats où il inscrit 15 buts, pas mal. Pato convainc grâce à son style de chien fou, et à ses premiers buts européens, 3 en 6 matchs de Champions League. Les tiffosi sont persuadés de tenir là LE numéro 9 des années 2010.
En 2009-2010, ce devrait être l’année de Pato. Kakà, le ballon d’or emblème du Milan A.C. est parti pour le Real pour une somme pharaonique. Pato récupère alors le rôle de symbole du club à 20 ans. Ronaldinho dit même de lui qu’il est « un savant mélange entre Kaka et Messi », flatteur. Malheureusement, c’est le début des complications, Pato ne tient pas ses promesses à cause de blessures à répétition. Le rossonero marque tout de même 12 fois en 23 matchs, pas mal, encore une fois. Les dirigeants et les supporters le portent encore haut dans leur cœur, son heure viendra.
Mais entre-temps, Robinho et surtout Ibrahimovic sont arrivés. A peine propulsé star du club, Pato n’a pas vraiment eu le temps de confirmer ce statut. Après un début de saison prometteur et un doublé dès le premier match de championnat, il se blesse pour presque deux mois. Un tour à l’infirmerie, il re-plante un doublé pour son retour à la compétition en janvier 2011. Il enchaine alors sur une bonne saison ponctuée par 14 pions en 25 matchs.

La descente aux enfers
Seulement voilà, pendant toutes ses blessures, un homme s’est imposé à sa place. Zlatan. Le géant suédois s’occupe de tout, de marquer, de faire marquer. Pato est passé au rôle de faire valoir. Hormis un but à Barcelone, le but le  plus rapidement inscrit au Camp Nou,                                                                     Pato, souvent relégué sur l’aile droite et rarement associé à Zlatan dans les matchs importants. Il n’a plus la fougue, la vivacité, ou la confiance. Il est dans le trou. Et le Milan s’en tire bien sans lui, avec Zlatan. Encore une fois miné par des problèmes musculaires entraînant des performances très en baisse, Pato aurait pu trouvé un échappatoire : au PSG. Le club de la capitale, nouveau riche, était tout proche d’un accord pendant le mercato hivernal, proposant 22 millions puis 35 millions. Vincent Labrune, président de l’OM avait fait parlé de lui en déclarant « Pour rien au monde je n'échange Pato pour Ayew ou Rémy ». Signe de la perte renommée du brésilien. Mais Silvio Berlusconi y croit et fait tout pour le retenir, contre vents et marées. Les supporters ne savent plus sur quel pied danser, il lâche une banderole sur laquelle était inscrit : "Pato, fais nous rêver ou va à l'Elysée". En réponse, il s’offre un super but dont il a le secret face à Novara, en les qualifiant les rouge et noir en coupe d’Italie.




Mais tout ceci n’est qu’illusion, Pato nous sort sa saison la plus horrible : 11 matchs, un but et l’année 2012 se termine très mal, avec une supposée agression par les supporters à la sortie de l’entraînement en novembre. Une banderole confirme ce mal être deux jours plus tard. Effacé par le jeune El-Shaarawy, Pato avait déclaré après un match « Moi je fais du mieux que je peux, mais je veux jouer plus. Mon agent va arriver en Italie, on va en discuter… ». Le torchon brûle avec les supporters, qui l’invite à partir : « Qui a le Milan AC dans son cœur n’appelle pas son agent »
Comble de l’histoire, la saison 2012-2013 sera la seule de sa carrière où il portera vraiment le numéro 9 après la retraite de Pippo Inzaghi. 2012-2013 aura représenté tous les maux de Pato. Plus vraiment désiré, Pato se blesse, encore, dès le début de saison. De retour de blessure, il arrache le match nul contre Malaga en Ligue des Champions. Cela faisait 10 mois qu’il n’avait plus marqué. Eternel recommencement : Pato déçoit à cause du syndrome Abou Diaby, mais on n'arrive pas à lui en vouloir parce que dès qu’il revient, il plante.

Mais les dirigeants rossoneri en ont assez. Même Berlusconi, qui l’a toujours défendu. Il l’avoue, résigné : « Pato est un problème. J'espère vraiment qu'il va retrouver tous ses moyens. C'est un problème parce qu'il était le grand joueur d'avenir pour l'AC Milan... » Au mercato d’hiver, il est vendu, pour 15 millions quand même, aux Corinthians. Retour au Brésil, où il ne se blessait pas encore. Silvio Berlusconi, alors son beau-père, un peu ému, se confesse. « Il (Pato) m'a promis qu'il reviendrait (au Milan)». C’est tout ce qu’on lui souhaite. Parce que un joueur qui a autant marqué les tiffosi ne peut pas partir sur une saison à 4 matchs de championnats et zéro but. Et c’est tout ce qu’on souhaite au Milan aui, au vu de ses résultats actuels, ne peut absolument pas craché sur un retour éventuel de Pato.



Depuis qu’il est aux Corinthians, Pato joue, mais reste un buteur moyen. Sûr de son choix, il assure : « quitter la Milan AC a été quelque chose de bon pour moi. Je voulais partir, pour jouer plus, et retrouver ma forme. Maintenant que je suis de retour au Brésil, aux Corinthians, mon objectif est de gagner ma place pour la Coupe du Monde. Vu ce que je propose ici, je pense que je mériterais ma place. » Et il n’a pas complètement tort, rappelé le 2 septembre dernier en sélection contre l’Australie, Pato ne déroge pas à ses habitudes. 4 minutes de jeu, et but. Bilan aux Corinthians : un an, 39 matchs, 11 buts. Pas fabuleux, mais il retrouve du temps de jeu. On a eu de l’espoir cet hiver, puisque Pato était annoncé à la Juve, à Arsenal ou même à Monaco. Finalement il ne bougera pas des Corinthians. 

Mais on a du mal à imaginer qu’à 24 ans (oui, Pato a seulement 24 ans), l’homme qui marque pour ne pas qu’on l’oublie à chaque première et à chaque retour de blessure, ne refoulera plus jamais les pelouses d’Europe. On le souhaite en tout cas. Parce que des numéros 9 brésiliens, capables de passer trois joueurs plus le gardien, de marquer de 30 mètres, de poser des lobs comme Xavi fait une passe, ce n'est jamais de trop.

En Bonus : le meilleur de Pato en Italie comme au Brésil.

Kevin Charnay
Vous pouvez suivre l’auteur sur Twitter : @KevinCharnay