L'actualité du football européen à travers ses buteurs d'exception.

lundi 27 janvier 2014

On 1/27/2014 by Unknown in
Pas le plus beau joueur de football à regarder jouer mais un placement et surtout une efficacité redoutable. À l’annonce de sa retraite, les défenseurs n’ont pas été les seuls à pleurer de joie. Les arbitres de touche se sont également retrouvés afin de célébrer l’homme qu’Alex Ferguson a qualifié comme étant « né hors-jeu ». Fini les doutes, fini les sueurs du « je lève, ou pas ? ». Toutes les défenses du Calcio étaient au courant, quand Pippo était dans la surface, c’était concentration maximale. Et pourtant…

Ni un dribbleur, ni un passeur. Un buteur, point barre.
Un joueur qui pouvait être frustrant et utile en même temps. Le genre de joueur qui défie les lois du football moderne. Un renard en apparence sage mais bordel, sur le terrain c’était la fougue, la nervosité puis l’explosion après qu’il eut fait trembler les filets. Inzaghi est un joueur qui a défié les conventions du football actuel.
Inzaghi, c’était la Comedia Del Arte. Cette façon de faire la décision et cette capacité à finir au sol sans être crocheté pour obtenir un coup franc bien placé ou un penalty. Un joueur qui trouvait le moyen de marquer quoi qu’il en coûte, quitte à être détesté par bon nombre d’entre nous… Mais résumer Pippo à un vulgaire plongeur (comme l’ont trop souvent fait les équipes non-italiennes et la presse) serait un manque cruel d’objectivité. Et surtout, ça serait oublier ce qui a fait de lui un grand avant-centre : son instinct du buteur. Une facilité déconcertante à trouver l’espace au dernier moment et à ridiculiser le défenseur qui lui collait au cul jusqu’à son dernier appel, contre-appel. Il n’y avait alors qu’à constater les dégâts. Le ballon est au fond des filets et Super Pippo est en train de célébrer son but comme s’il venait de planter le but en or en finale de Coupe du Monde.

Naissance du serial buteur.
Sa carrière de 21 ans dans le milieu professionnel a commencé en 1991 dans sa ville natale, à Piacenza. Il fait seulement quelques apparitions pour le club local avant de marquer ses premiers buts professionnels, en prêt, à Leffe. Après avoir planté treize buts dans ce club de la province de Bergame, il s'installe à Vérone pour un nouveau prêt. Et rebelote, treize buts. Cette fois, Piacenza a suffisamment confiance en lui pour le garder. C’est la saison 1994/ 95 et Pippo ne déçoit personne en scorant 15 fois en 37 matchs. Piacenza remporte le titre de Serie B. L’effet Inzaghi gagne du terrain.

Mais ce n’est pas avec Piacenza que Pippo plantera ses 156 premiers buts en Serie A. Les recruteurs de Parme avaient suivi ses progrès et c’est dans leurs rangs qu’Inzaghi commencera la saison 95/96. Il n'a pas l'impact immédiat qu'ils espéraient, ne marquant que deux buts en championnat (contre Piacenza...) Il en profite pour prendre la température européenne en inscrivant ses premiers buts en coupe d’Europe.


L’Atalanta Bergame décide de parier sur lui, et là, c’est le jackpot. Inzaghi termine la saison comme capocannonieri avec vingt-quatre buts. Un statut qui lui vaut d’être recruté par le club de la vieille dame (Juventus) et d’honorer sa première sélection avec la Squadra Azzura. Un match contre le Brésil lors du Tournoi de France où il se fait remarquer en délivrant une passe dé pour Alessandro Del Piero. Pour info, le Tournoi de France est une compétition old-school où le seul souvenir qu’on a reste le coup-franc stratosphérique de Roberto Carlos contre la France.

Quand Pippo devient « Super Pippo »
En arrivant à la Juve, Inzaghi rejoint donc Del Piero mais aussi Zidane pour y former un trio redoutable. L’effet est immédiat, Inzaghi et ses vingt-sept buts toutes compétitions confondues, ont grandement aidé le club de  remporter le Calcio et la Supercoupe d’Italie. Il inscrit six buts en Champions League jusqu’à la finale où il sera battu par Pedrag Mijatovic et le Real Madrid (1-0).

Inzaghi reste à la Juve pour trois autres saisons et plante la bagatelle de 63 buts. Une vraie machine à marquer. Toujours appelé en sélection, il fait partie du groupe qui ira à la Coupe du Monde 1998 et qui atteindra la finale de l’Euro 2000. Lors de la finale, le but en or est inscrit par David Trezeguet qui signe à la Juve à la fin de la compétition. Son arrivée sonne comme un coup d’arrêt pour Inzaghi qui ne fera pas le poids face à l’efficacité de Trezegol.

Il rejoint le Milan AC en 2001. Un transfert qui a bénéficié à la fois au joueur et au club. Après une première saison calme (tout est relatif, ce renard d’Inzaghi a planté seize buts), c’est surtout lors de sa deuxième saison que Super Pippo resurgit. Il claque 30 buts toutes compétitions confondues dont dix-sept en Serie A. En Ligue des Champions, il marquera douze pions, jusqu’à remporter la coupe aux grandes oreilles contre… la Juventus.

Le Milan AC remporte le Scudetto la saison suivante mais la contribution d’Inzaghi a été maigre car ses blessures aux genoux ont commencé à l’empêcher de jouer. Il marque six  petits buts en 35 matchs (dont la moitié en tant que titulaire).

Sa pire saison fut celle qui a suivie avec aucun but marqué en 11 matchs de championnat. Deux ans de galères qui empêcheront le plus grand des renards de participer à l’Euro 2004 et à la finale de Ligue des Champions perdue contre Liverpool au terme d’un match de légende.


Le retour de Super Pippo.

Après deux années de disette, Inzaghi a la dalle et se prépare à entamer la saison 2005/2006 tambours battant. Il retrouve le chemin des filets rapidement en inscrivant 12 buts en 23 matchs de Serie A. En Champions League, l’arme fatale inscrit deux doublés en 8ème  contre le Bayern puis en quarts contre Lyon. Un retour en grâce que Pippo doit à son club et au Mister, l’homme au sourcil droit levé, Carlo Ancelotti.

« Je n’oublierai jamais que pendant ma convalescence, Ancelotti m’a envoyé tous les jours des SMS dans lesquels il me disait ne pas lâcher, que je reviendrai comme avant et que je serais encore utile au Milan. Je préfère un entraîneur comme lui qu’un sergent de fer. »

Ses performances vont conduire Marcelo Lippi à le sélectionner pour la Coupe 2006 en Allemagne où Super Pippo deviendra champion du monde. Un mondial où il marquera son seul et unique but contre la République Tchèque.



À 33 ans, Inzaghi a tout gagné. Il a marqué des buts dans toutes les grandes compétitions et a laissé son empreinte dans le Calcio. Même si durant cette saison il n’inscrit que deux buts  en championnat, c’est en Ligue des Champions, sa compétition favorite, qu’ il aura été redoutable. Il claque six buts dont celui vainqueur contre le Bayern en quarts et surtout un doublé en finale de la Ligue des Champions qu’il remporte pour la deuxième fois contre Liverpool. Il sera élu homme du match. Ironie du sort, il était en tribune quand Liverpool battait le Milan en 2005, belle revanche sur le destin.

Fin de carrière en buts, évidemment.
Si certains pensaient qu’il pouvait partir comme un grand après sa performance de mammouth contre Liverpool, Super Pippo en avait décidé autrement. Dès la reprise, il marque le but égalisateur contre Seville en Supercoupe d’Europe que Milan gagnera ainsi que le but vainqueur face à Boca Juniors en finale du mondial du Mondial des Clubs. Il devient au passage, le premier joueur à marquer dans toutes les compétitions internationales. Rien que ça.

Et ce n’est toujours pas fini. En marquant contre le Real Madrid, il bat le record des buts marqués en Coupe d’Europe. Un chiffre rond, qui ne bougera pas car il se blesse une nouvelle fois. Il jouera seulement neuf matchs. Cette fois, ça sent la fin, une triste fin causée par des blessures et la confiance que ne lui donne plus Allegri. Mais finir sa carrière en n’inscrivant aucun but ne pouvait être concevable pour un buteur de la trempe d’Inzaghi. Lors du dernier match de la saison, il entre en jeu contre Novara puis vient l’explosion. Sur une passe de Seedorf, il s’arrache et inscrit le but de la victoire. Il célèbre son but comme si c’était le premier, comme si c’était le dernier, comme si il venait de marquer en finale de Coupe du Monde.


Des statistiques de killer.
En tout, Inzaghi a presque gagné tout ce qui était possible de gagner. Il a claqué plus de 300 buts en professionnels :
  • 156 buts en Serie A
  • 50 buts en Ligue des champions
  • 28 buts en Serie B
  • 16 buts en coupe d’Italie
  • 13 buts en Serie C
  • 10 buts en Coupe de l’UEFA
  • 7 buts en Coupe Intertoto
  • 2 buts en Coupe des vainqueurs de Coupe
  • 2 buts en Coupe du monde des clubs
  • 1 but en Supercoupe d’Europe
Et si vous lui demandez lequel a été le plus important, il est fort probable qu’il ne parvienne à choisir. Ce mec là était né pour marquer, numéro 9 sur le dos. Pas de frappes de trente mètres ni de raids solitaires. Des buts du genou, des pointus, des têtes dans des positions dégueulasses. Des frappes contrées, déviées, des un-contre-un qu’il ne manquait quasiment jamais. Avec toujours le même résultat, les filets qui tremblent à la fin.

L’Europe ne s’est jamais rendu compte du buteur génial qu’était Filippo Inzaghi avant sa retraite. Et pourtant, il est le 6ème meilleur buteur de l’histoire du Milan AC avec 126 buts et le meilleur buteur du Milan AC en Ligue des Champions avec 41 buts. 

Aujourd’hui, nous espérons qu’il apportera toute cette fougue, cette passion du but et de la gagne aux les U17 du Milan AC qu’il entraine.
Nous ne pouvons qu'espérer que ses joueurs sauront s’inspirer d’un des tous meilleurs buteurs en terme de placement et d’efficacité. Puis s’il transmet à ses buteurs, l’art du hors-jeu et le sang-froid dans la finition, nul doute que son équipe aura des arguments redoutables à faire valoir.



BONUS : 

Marquer des buts peut vous permettre d’arracher le gros lot, voici la femme de « Super Pippo ».



Anthony Somaria
Vous pouvez suivre l’auteur sur Twitter : @Somar009