jeudi 16 janvier 2014
On 1/16/2014 by Unknown in ETOILES FILANTES
Etiqueté comme le plus
grand espoir du football argentin après une saison à River Plate, Javier
Saviola n’a finalement jamais flambé eu Europe et pourtant des clubs, il en a
connu un paquet. De l’Argentine à la Grèce en passant par l’Espagne, la France
et le Portugal, retour sur la carrière décevante d’ « el Conejo ».
La fougue du lapin
À Buenos Aires, le jeune Saviola passe son temps entre taper la balle et
la ramasser au Monumental, le stade du grand River Plate, son club de cœur. À
seize piges, son jour de gloire arrive, il est recruté par son club de cœur
après avoir joué dans un club méconnu de la banlieue de la capitale. Début en
fanfare, il plante son premier but lors de son premier match. Les premières
comparaisons avec Diego Maradona
ne se font pas attendre. Le gamin est précoce et l’Argentine se met à rêver
d’un nouveau prodige. Surnommé « el conejo » (le lapin) pour son
explosivité, son amour pour le pré mais aussi surement pour le râtelier qui lui
sert de dentition, Saviola est vite considéré comme le plus grand espoir du pays.
Lors de la Coupe du Monde des moins de 20 ans, en 2001,
Burdisso, Maxi Rodriguez et Andres D’Alessandro sont ses coéquipiers mais c’est
bien lui qui
terminera meilleur joueur et meilleur buteur du tournoi. Et ce, malgré la défaite en finale
après un but d’un certain… Mario Gomez. Les observateurs sont impressionnés, il
a claqué 11 buts en 7 matchs, plus qu’Adriano (autre escroc) et Djibril Cissé,
qui terminent derrière l’argentin. Avec son pote à la touffe, Pablo Aimar (futur
partenaire au Benfica et
belle étoile filante également), ils permettent au club rouge et blanc
de remporter le championnat d’ouverture* à l’aube de l’an 2000 en battant un
record de Maradona. En claquant 15 buts, il devient le plus jeune joueur à
finir meilleur buteur du championnat d’ouverture à 18 ans et 1 jours. Diego, tu
es vaincu. Ses accélérations font mal à toutes les défenses du championnat mais
aussi dans toute l’Amérique du Sud où un autre homme à la dentition douteuse
est en pleine bourre du côté du Gremio Porto Alegre, Ronaldinho. Pourtant en
1999, alors qu’il commence seulement sa deuxième saison en pro, c’est bien
Saviola qui remporte le trophée de meilleur joueur d’Amérique du Sud. El conejo
est au top, il finira la saison 99/2000 comme il l’a commencé en
remportant le championnat, de clôture cette fois. En 2000, c’est l’année de sa
première sélection avec l’Albiceleste, contre le Paraguay. Après 3 ans dans le
monde pro et sept trophées remportés, c’est l’heure du grand départ. Quand le
Barça t’appelle, tu fais
ton sac et tu prends le premier vol pour la Catalogne.
Direction l’Europe.
Été 2001, c’est la loose
d’être supporter de River. Javier Saviola et Pablo Aimar, les deux bijoux du
club, se font la malle direction le pays de la paëlla. Alors qu’Aimar s’envole
vers Valence, le lapin va découvrir le Camp Nou et son transfert rapportera 36
millions d’euros. Il a 19 ans et va évoluer dans le même club que Patrick Kluivert
et Rivaldo. Le rêve, mais difficile de leur piquer la place en pointe. Saviola
ne sera pas un titulaire indiscutable mais sera l’auteur d’une première saison
espagnole plus que convenable avec 21 buts en 49 matchs. Les socios sont
séduits, mais pas de quoi s’enflammer. Cette année là, il découvre la Ligue des
Champions où le Barça est éliminé par le Real Madrid.
Une deuxième saison est
compliquée, peu de temps de jeu, treize petits pions inscrits et surtout une
non-sélection pour la Coupe du Monde en Corée. Sans le savoir, c’est déjà la
fin d’un phénomène. D'autant plus qu'il assiste à l’arrivée en pro d’un nouveau prodige argentin, qui remportera quatre ballons d’or dans les années qui suivront : Leo Messi. Javier, le bijou, ce n’est déjà plus toi. Et lors d’une confrontation, Saviola cassera le nez de l’actuel crack blaugrana et s’excusera en lui offrant son maillot. Curieux…
Pour sa troisième saison
en Catalogne il finira à 14 unités mais Rijkaard ne voit pas en lui un leader
de l’attaque. A l’été 2004, malgré des Jeux Olympiques gagné avec l’Argentine
(où jouait des futurs connaissances du championnat français comme Gabriel
Heinze, Lucho Gonzalez et César Delgado), Javier est prié de quitter le club
pour au moins un an, de quoi laisser sa chance à la star camerounaise de
Majorque, un certain Samuel Eto’o.
« On a reçu une offre de Barcelone pour un échange avec Saviola (contre Abidal), que l'on a évidemment refusée en leur demandant s’ils rigolaient ou pas. » JM Aulas (Lyon)
SDF du football.
Monaco est le point de
chute du joueur de 1m68. Alors charmé par sa prestation en Grèce lors des JO,
le club finaliste de la dernière Ligue des Champions pense avoir trouvé un
successeur de poids à Fernando Morientes (retourné au Real Madrid après une
saison de toute beauté sur le rocher). Dans une ville où le football est juste
un loisir, et non pas une religion comme à Buenos Aires ou Barcelone, Saviola
savoure son quasi anonymat dans les rues de la ville. Le problème, c’est que
sur le terrain personne non plus ne le reconnaît. Ni excellent, ni mauvais,
l’argentin passe une saison en demie teinte tout comme les deux nouveaux venus
en attaque, Kallon et Chevanton. Malgré ses 17 buts en 42 matchs, les
« supporters » monégasques ne seront pas attristés par son départ en
fin de saison. Au Barça, que s’est-il passé depuis son départ ? Le titre
est enfin arrivé grâce à Samuel Eto’o et ses 25 buts. Indésirable, il est
envoyé directement pour un nouveau prêt au FC Séville de Frederic Kanouté, avec
qui il fera sera meilleure saison en Europe, et de loin. C’est l’époque des
Daniel Alves, Adriano, Jesus Navas et consorts qui remporteront la finale de la
Coupe UEFA 4-0 (Saviola est sorti à la mi-temps). Avec 14 buts en 36 matchs, le
FC Séville veut le garder, le Barça veut le lâcher, mais Javier n’est pas de
cet avis. Cette belle saison lui permet d’aller en Allemagne avec la sélection argentine.
Numéro 7 dans le dos, Javier est à la lutte pour une place en pointe avec
Crespo, Tevez, Palacio, Cruz et surtout, la pépite Lionel Messi. Pour le
premier match face à la Cote d’Ivoire, Saviola est titulaire et marque son
premier but en Coupe du Monde, donnant la victoire à l’Albiceleste. Eliminé en
quart par l’Allemagne, Saviola a été poussé sur le banc par Messi, Crespo ou
Tevez. 3 matchs et 1 buts, Saviola joue là sa seule et unique compétition
mondiale avec son pays. Il revient à Barcelone pour la saison 2006-2007, sa
dernière année de contrat. Rijkaard ne le veut plus et le fait savoir à la
presse avec une phrase qui restera choc : « Saviola est mon septième choix en attaque,
derrière Eto'o, Ronaldinho, Messi, Giuly, Guðjohnsen et Ezquerro ». Dur…
Sans déconner, Ezquerro
quoi. Touché mais pas encore coulé, Saviola aura tout de même sa chance
durant l’hiver 2006 lorsque l’infirmerie du Barça était pleine à craquer.
Rijkaard va devoir utiliser son septième choix. La loose. Saviola plante 8 fois en 8 matchs, derniers coups de rein avant de partir. Ce
même hiver, Aulas déclara : « On a reçu une offre de Barcelone pour
un échange avec Saviola (contre Abidal), que l'on a évidemment refusée en leur
demandant s’ils rigolaient ou pas. » Aie, ça fait mal non ? Il
aura marqué 72 buts en 172 matchs. C’est 0,4 buts par match. Pas mal mais insuffisant quand on veut être à la pointe d’une équipe qui a vu passé
Ronaldo. Non prolongé, et peut-être un peu énervé vis à vis de son coach, il
quitte le navire et rejoint l’ennemi de toujours : le Real Madrid.
« Saviola n’est pas un battant ». B. Schuster (Real Madrid)
Comme un certain Luis Figo
ou Ronaldo avant lui, El Conejo quitte le Barça pour le Real (Figo directement,
Ronaldo sera passé par l’Inter entre temps). Mais ce n’est pas du tout la même
histoire. Alors que Schuster a tout fait pour l’avoir, il refuse de le faire
jouer à peine trois mois plus tard, l’invitant même à partir et signifiant
publiquement qu’il ne se bat pas pour gagner sa place. La vraie raison, c’est
que Javier a eu la bonne idée de signer dans un club où l’un des meilleurs duos
d’Europe s’est formé avec le divin Van Nistelrooy et le local, Raul. Du coup,
il joue encore moins qu’au Barça. En deux ans, 31 matchs pour cinq pauvres buts.
Là par contre, c’est clairement insuffisant quand on veut être à la pointe d’une équipe qui a vu
passé, je vous le donne en mille… Ronaldo. Son passage madrilène a tout d’une comédie dramatique et
s’achève en juin 2009 où il est transféré au Benfica Lisbonne pour 3 ans contre
5 millions d’euros. Il retrouve Pablo Aimar et sa grosse touffe et constitue
avec Oscar Cardozo un duo redoutable qui remportera le championnat dès leur
première année. Cette saison portugaise restera sa dernière « bonne »
saison. Avec 39 buts en 130 matchs, Saviola ne part pas la tête haute et les
supporters s’en foutent royalement de le voir rejoindre Malaga pour la saison
2012/13. Après 8 buts en 30 matchs, Saviola rompt son contrat. Encore un flop.
À quasiment 32 piges, Saviola se retrouve sans club. Et dire qu’on le comparait
à Diego. Finalement, il rejoint un pays
qui comme lui, est en pleine crise. Direction la Grèce et l’Olympiakos.
Un rebond dégueulasse
mais qui lui permet néanmoins de retrouver le plaisir de tâter le cuir
et le chemin des filets. Numéro 9 dans le dos, il plante 12 buts en 21 matchs à
la mi-saison. Il retrouve également la C1 et pourra montrer qu’il a encore la niaque
et les jambes en affrontant Manchester United en huitième de finale de la Ligue
des Champions.
Javier Saviola aura joué
près de 600 matchs pour 230 buts en seize années de carrière. Il laissera
l’image d’un joueur lambda à la carrière compliquée.
*En Argentine, il y a deux champions par an. La première partie du championnat se dispute d'août
à décembre et la seconde partie, de février à juin.
Théo Briot