mardi 4 février 2014
On 2/04/2014 by Unknown in ANCIENS
Madrid pour toujours
Natif de Madrid, le
jeune Raúl Gonzalez Blanco – mais appelons le tout simplement Raúl – a passé
toute sa jeunesse dans une petite bourgade madrilène. Issu de la génération 1977 (comme Henry et Trezeguet, amen), il commence à tâter le cuir dans le club de sa banlieue à onze ans. Trop jeune pour rejoindre
le club de son quartier, Raúl se fait passer pour Dani, un jeune homme âgé de treize ans. Deux ans plus tard, son père l’inscrit chez les
jeunots de l’Atletico Madrid. Et ouais... celui qui fera la joie du Real
Madrid est tout d’abord un enfant de l’ennemi. Droitier de base, c’est à cause d’une blessure à la jambe droite que Raúl décide de s’entrainer avec sa patte gauche. Quelle audace. Il devient gaucher et joue sur l’aile gauche ce qui ne l'empêchera pas de claquer 65
buts lors de son année de minime. Sans surprise, c'est l'espoir du club, à seulement 14 piges. La situation économique du club des Matelassiers l’oblige à dissoudre ses
équipes de jeunes. C’est donc l’heure pour le petit prodige de trouver de
nouvelles couleurs à défendre. Alors convoité par Valence et le FC Barcelone,
aucun membre de l’Atletico Madrid ou de la famille Gonzalez n’aurait pu prévoir
le choix de Raúl et de son padre. Direction l’ennemi juré, la Maison Blanche,
le Real Madrid !
La naissance de la
légende
Avec son emblématique
numéro 7 dans le dos dès sa première année il claque 71 buts en une trentaine de match. Le championnat cadet ne résiste
pas au talent devant le but de Raúl. Un nouveau titre de champion et le voilà
déjà promu chez les juniors B, l’équivalant des U17. Ailier gauche à
l’Atletico, l’entraineur des jeunes du Real s’aperçoit qu’il tient dans ses
rangs un buteur d’exception et le place dans l’axe. Doté d’un très bon jeu de
tête et d’une aisance technique supérieure à la moyenne, Raúl donne raison satisfaction. Après deux saisons réussies chez les juniors du
Real Madrid, Raúl se rapproche du monde professionnel en 1994 avec le Real
Madrid C où il claquera 16 buts en 7 matchs. Des buts qui lui offriront la
possibilité de jouer directement avec la Castilla (équipe B) mais surtout de se faire
remarquer par Jorge Valdano qui l’inclura dans l’effectif professionnel. Fin
octobre 1994, au lendemain du premier match avec les A, le quotidien El
Mundo sait déjà de quoi l’avenir de Raúl sera fait.
« A seulement 17 ans, le talentueux Raúl a montré un large répertoire de son talent et va devenir la figure du football » El Mundo Deportivo.
Et il ne s’était pas
trompé. Le 5 novembre 1994, c’est la deuxième convocation de Raúl avec les
pros, il est titulaire lors du derby face à l’Atletico. Un penalty provoqué,
une passe décisive, un but et l’ovation de Barnabeu à sa sortie. Il finira la
saison avec dix buts dont neuf en championnat, un en Coupe du Roi et un premier
titre de champion d’Espagne. À 18 ans seulement, Raúl
devient un élément clé de la Casa Blanca en formant un magnifique duo avec le
chilien Ivan Zamorano dans une saison 1995/96 qui verra Raúl marqué à 19
reprises en championnat pour 24 passes décisives en 40 matchs. Exceptionnel mais
le club finit sixième, loin derrière le Barça.
La saison suivante signe
un vrai tournant dans la jeune carrière du numéro 7 espagnol. Avec l’arrivée de
l’italien Fabio Capello comme entraineur, et le recrutement de deux grands
buteurs du championnat avec Pedrag Mijavotic qui vient de Valence et du croate
Davor Suker, Raúl doit accepter son repositionnement en meneur de jeu avancé
derrière cette nouvelle paire. A son 19ème printemps, Raúl montre qui porte la culotte
dans ce three-some détonnant. Il claque 21 buts en 42 matchs, rafle le 27ème
titre de champion d’Espagne du Real. Impliqué sur 75% des buts en championnat
de son équipe, il joue le 7 avril 1997, à même pas 20 ans, son 100ème match en Liga. 20 piges
et déjà titulaire dans le plus grand club de l’histoire, ça valait bien une
première sélection avec la Roja.
L’Ange de Madrid
À Amsterdam, en 1998,
il remporte la finale de la Ligue des Champions. Son premier titre européen, à seulement
21 ans. Raúl n’en finit plus de
surprendre, il peut jouer pointe, sur le coté gauche ou en meneur de jeu.
Surnommé l’ « Ange de Madrid », la saison qui vient de s’achever est
la probablement sa meilleure depuis qu’il a rejoint le monde professionnel.
Tout commence avec une victoire en Supercoupe d’Espagne contre le Barça avec trois
buts sur l’ensemble des matchs. Il claque un des plus beaux buts du
championnat, si ce n’est le plus avec un enchainement aile de pigeon, contrôle
orienté et petit lob que même CR7 n’aurait pas osé tenter. Raúl évolue alors au
sein d’une équipe talentueuse avec Seedorf, Hierro, Roberto Carlos ou encore
Karembeu. Oui, on a bien dit Karembeu. En championnat c’est le FC Barcelone qui
termine champion mais voilà, après 17 ans de disette sur la scène européenne,
c’est le Real Madrid de Raúl qui remporte la coupe aux grandes oreilles. Un
titre remporté face à la Juventus des Zidane, Inzaghi, Deschamps, Del Piero,
Davids. Une saison où Raúl a moins planté (10 buts) mais ses performances
l’emmèneront au Mondial France 98. Raúl rentre bredouille de la Coupe du Monde.
Pas de but, pas de sacre.
La saison suivante, Raúl
claque 24 pions, rafle son premier trophée de pichichi, se marie avec María del
Carmen Redondo Sanz, plante10 buts en 7 matchs avec la Roja. Saison
heureuse pour le Cid mais pas pour le Real qui ne gagnera rien.
S’en suit une saison
avec 29 buts en 57 matchs et une moyenne d’un but tout les deux matchs avec
surtout, un nouveau doublé face au Barça au Camp Nou. Celui qui embrasse son
alliance à chaque but montre encore une fois qu’il est bien un fils du Real.
2000, c’est une
année importante. Raúl devient père et surtout, marque son 100ème but en Liga en
seulement 210 matchs. En Ligue des Champions, il est de loin le meilleur joueur
du Real et ses performances vont permettre à son équipe d’atteindre une
deuxième finale de C1, contre Valence. Entouré par Nicolas Anelka et de
Fernando Morientes, Raúl marquera le but du 3-0 pour les merengues. Deuxième sacre européen, premier titre de meilleur
attaquant d’Europe pour le buteur espagnol.
« C’est un gagnant. Il est l’héritage du Real Madrid. » F. Capello
En sélection, Raúl
aborde l’Euro 2000 avec le titre de meilleur buteur des éliminatoires avec 11 pions
en 8 matchs. L’Espagne n’est pas favorite mais fait partie des outsiders de la
France et des ritals. Raúl est l’attaquant vedette, il y va de son but contre
la Slovénie et atteint les quarts de finale. L’adversaire est français et à
l’issu d’un match très disputé, Raúl a l’occasion d’envoyer les deux équipes en
prolongations avec un pénalty. Barthez est battu mais le ballon est hors-cadre.
Adios Raúl, la France finira championne d’Europe.
L’autre galactique.
La fin de l’Euro, le
sacre français et l’arrivée au club de Florentino Perez signent le début de
l’air « galactique ». Luis Figo quitte le Barça pour rejoindre
l’ennemi Madrid. Raúl plante 24 buts en 36 matchs et permet au Real d’être
sacré pour la 28ème fois champion d’Espagne. En Ligue des Champions, le Real se
fait sortir en demi par le Bayern mais l’artificier merengue termine meilleur
buteur de la compétition avec 7 buts en 12 matchs et un nouveau titre de
meilleur attaquant européen avec 32 buts en 50 matchs. Pour remporter une
nouvelle coupe d’Europe, Perez fait signer un nouveau galactique avec le
recrutement de Zinedine Zidane. Beau cadeau d’anniversaire pour les 100 ans
d’Histoire du Real Madrid. Malgré une troisième place en championnat, une finale
de Coupe du Roi (avec un but de Raúl), le Real remporte la Ligue des Champions,
la troisième de Raúl. Une finale gagnée face au Bayer Leverkusen et le but
légendaire de Zidane. Raúl finit second du Ballon d’Or derrière Michael Owen.
L’Espagne crie à l’injustice.
Raúl se présente à la
Coupe du Monde 2002 en Asie, avec pour objectif de faire mieux que lors des
deux précédentes compétitions internationales. Il plante trois fois en trois
matchs mais se blesse en quart et l’Espagne est éliminée par la Corée. Hierro
tire sa révérence, Raúl devient le capitaine de la sélection espagnole.
A son retour à Madrid,
Perez offre à Raúl un partenaire de choix en attaque en la personne d’El
Fenomeno, le seul et unique Ronaldo, récent champion du monde. Raúl marque son
200ème et 201ème but avec le Real
contre le Lokomotiv Moscou puis, le 12 février il devient le meilleur buteur de
la Roja avec ses 30 et 31ème but marqué contre l’Allemagne. Le Real est champion, Raúl
claque 16 buts pour 11 passes décisives. L’été 2003, Raúl voit David Beckham
arrivé au club, Fernando Morientes le quitté et Fernando Hierro raccroché. Raúl
récupère encore une fois le brassard et devient capitaine du Real Madrid.
L’arrivée du Spice Boy ne rimera pas avec succès car cette saison là, le Real Madrid ne gagnera rien du tout. Pour la
première fois depuis le début de sa carrière, Raúl se présente à une
compétition internationale sans aucun titre européen de glané et l’Euro 2004
sera à la hauteur de la saison du Real. Nase.
La fin des années
fastes
Après cet Euro
décevant, certains voient en Raúl un joueur aillant perdu de sa superbe. Peu
efficace devant le but, la saison 2004/2005 confirme cela. Avec 9 buts en
championnat, Raúl ne permet pas au Real Madrid de ramener un nouveau titre de
champion et laisse le Barça se pavaner. En Ligue des Champions, ils se font
sortir par la Juve. Deuxième saison vierge pour le buteur espagnol qui perd
même sa place en sélection. La saison suivante est la pire de sa carrière.
Malgré un début encourageant avec 5 buts en 6 matchs, Raúl se blesse lors du
Clasico perdu 3 à 0 au Bernabeu et perd trois mois de compétition. A son retour
en février 2006, il joue 16 matchs pour 0 buts. Depuis le début de sa carrière
pro à 17 ans et après 11 années en professionnel, Raúl semble déjà trop vieux pour
continuer à porter une attaque comme celle du Real Madrid. Nouvelle saison sans
titre pour un Real Madrid à l’image de son capitaine, essoufflé. Raúl est dans
le groupe pour le Mondial en Allemagne en 2006, il sera éliminé par la France
en huitièmes de finale.
Raúl inscrit 12 buts la
saison suivante et participe à la victoire du Real Madrid en Liga. Mais l’année
2006 voit surtout Raúl prendre sa retraite internationale Dix ans d’amour pour le
maillot de la Roja avec 44 buts en 102 matchs et restera pendant longtemps le
meilleur buteur de l’histoire du pays jusqu’à un certain David Villa.
Une fin de toute
beauté
Les journaux
l’envoient à Liverpool, l’Inter ou même Lyon, mais Raúl reste madrilène. Il
retrouve son efficacité lors de cette fin d’année 2007 et devient en mars 2008
le deuxième meilleur buteur de l’histoire du Real avec 290 buts. Grace à une
victoire 4 à 1 contre Barcelone et son 15ème but lors du Clasico, Raúl offre un 31ème titre au la Casa
Blanca et est élu meilleur joueur du championnat selon Marca. Bel hommage. Il
finit la saison avec 24 buts toutes compétitions confondues mais ne sera pas
retenu pour l’Euro 2008. Chat noir. Un Euro où l’Espagne sera sacrée face à
l’Allemagne en finale. Les socios se disent que c’est la fin du phénomène
Raúl malgré ce dernier sursaut. Après une saison 2008/2009 où il devient le
meilleur buteur du Real Madrid avec 309 buts devant Di Stefano, Raúl joue de
moins en moins malgré ses 24 buts en 47 matchs.
L’été 2009, le Real
compte dans ses rangs Kaka, Cristiano Ronaldo, Benzema, Higuain. Ça
sent la mouise pour Raúl car Pellegrini lui préfère Higuain. Lors de la 34ème journée, il marque le
dernier but de sa carrière pour le Real Madrid le 228ème en 550 matchs. Le 26
juillet, Raúl annonce en conférence de presse qu’il rejoint le championnat
allemand et Schalke 04 pour 2 ans.
Arrivé en Bundesliga, Raúl
garde son fameux numéro 7 et montrera l’étendu de son talent pendant deux
saisons où il jouera près de 100 matchs pour 40 buts. Il remporte aussi une
Coupe d’Allemagne et la Supercoupe d’Allemagne. Magnifique pour un joueur qu’on
annonçait en pré-retraite.
Amoureux du football, il
s’offre un dernier kiffe, au Qatar, à Al Sadd. Toujours avec son numéro 7 dans
le dos. Raúl est toujours en activité, a marqué 12 buts en 40 matchs et joue meneur
de jeu.
Au final, Raúl c’est seize
titres en autant de saisons avec le Real de Madrid, 2 titres en autant de
saison avec Schalke 04 et un titre en une saison avec Al Saad. Raúl, c’est
surtout l’enfant de Madrid qui a martyrisé des défenses entières grâce à la
qualité de ses appels et ses déplacements, qui a humilié des centaines de
gardien, qui a régalé l’Espagne et marqué l’Histoire du Real Madrid. C’est
aussi le meilleur buteur de l’Histoire de la Ligue des Champions avec 72 buts
en 144 matchs et le meilleur buteur de l’Histoire du Real Madrid avec 323 buts
pour 741 matchs. C’est aussi ce type qui restera le meilleur numéro 9 que
l’Espagne ait connue en ayant porté le sept toute sa carrière. Pour vous, tout ses buts sous le maillot du Real en vidéo.
Théo Briot
Vous pouvez suivre l’auteur sur Twitter : @TheoBriot