L'actualité du football européen à travers ses buteurs d'exception.

vendredi 11 avril 2014

On 4/11/2014 by Unknown in
Il y a des attaquants comme Dimitar Berbatov qui sont aussi énervants que talentueux, que ce soit pour les supporters ou les adversaires. Le Bulgare est arrivé cet hiver à Monaco en provenance de Fulham, pour pallier la blessure de Radamel Falcao. Un attaquant de 33 ans qui vient de Fulham, ça ne fait pas vraiment rêver. Et pourtant Berbatov est un buteur aussi exceptionnel qu’atypique de par sa technique, sa vista, son sens du but, mais aussi de par son égoïsme et sa légendaire fainéantise.

Berbatov, c’est un attaquant à l’ancienne. Même s’il est capable de petits dribles bien sympatoches, c’est avant tout un numéro 9 qui est là pour planter et uniquement pour planter.  Ce n’est pas un des attaquants au talent brut qui est arrivé à 20 ans dans un club prestigieux. Il a du cravacher et attendre ses 27 ans pour aller jouer à Manchester United. Alors entre quintuplés et menaces de la mafia bulgare, qui est Dimitar Berbatov ? et que vaut-il réellement aujourd’hui ?

Une ascension progressive
Né d’un père footballeur, Dimitar Berbatov s’engage à 17 ans au CSKA Sofia, le meilleur  club du pays est le passage obligé pour une étoile montante du football bulgare. Il commence doucement et marque ses trois premiers buts à 18 ans pendant la saison 1998-1999. La saison suivante c’est déjà 27 matchs, 14 buts, à 18 piges. Il est déjà la vedette du CSKA. La même année il est sélectionné pour la première fois avec l’équipe nationale et il plante son premier pion par la même occasion. Prometteur. Tellement prometteur que cette année-là, Berbatov se fait enlever et maltraiter pendant quelques heures par trois hommes à la botte de Georgi Iliev, un des chefs de la mafia bulgare. La raison ? Il voulait le faire signer dans son club au Levski Kyustendil, en vain. Voilà comment on tente de conclure un transfert en Bulgarie. Du coup, Dimitar se dit que son pays, c’est peut être un peu trop chaud et une demi-saison plus tard avec 15 buts en 16 matchs toutes compétitions confondues au compteur, il se tire en l’Allemagne.

Il débarque à Leverkusen en Février 2001. C’est peut être un peu tôt pour lui pour s’imposer dans un des cinq grands championnats, mais bon, autant être honnête, on se serait tous barrer de Sofia le plus vite possible. La saison 2003-2004 est sa première saison complète avec 33 matches de championnat. Il plante 16 buts mais aussi 9 passes décisives. L’Europe découvre réellement cette tige d’1m89. Véritable tour de contrôle, Berbatov possède une technique et une vision du jeu hors du commun pour un joueur de ce gabarit. Il est adulé en Bulgarie après ses 8 buts en 11 sélections cette année-là. Il est élu footballeur bulgare de l’année pour la deuxième fois en 2004. Bon, d’accord, il est bulgare et niveau concurrence, on a vu pire. En tout, ce prix,  il va le gagner 7 fois. Les deux prochaines saisons au Bayer Leverkusen sont sur le même rythme : 20 buts en 33 matches puis 21 en 34.

L’arrivée en Angleterre
Après 90 buts en 205 matches pour le Bayer, Dimitar Berbatov part pour la Premier League. Il arrive discrètement à Tottenham en 2006 pour un peu moins de 10 millions d’euros. « Berba » perce tout de suite. 50 matches toutes compétitions confondues, 23 buts. Il figure déjà dans l’équipe-type de Premier League, puis dans la liste des 50 nommés au ballon d’or 2007. Un quadruplé fin 2007 contre Reading, encore 24 buts en 2007-2008 et salut. « Berba » a 27 ans et n’a plus le temps de traîner.

38 millions d’euros plus tard et le voilà dans le mythique club de Manchester United. A peine arrivé, le Bulgare a encore la mafia sur le dos, avec des menaces sur sa famille restée au pays. Sir Alex lui prête son charter privé afin qu'il puisse ramener toute sa famille en Angleterre. Classe. Sportivement, la greffe se fera non sans difficulté. Berbatov n’aime pas défendre, on le savait. Mais à Manchester, tout le monde doit défendre. Sauf que Berbatov s’en contre-fiche. 

« Il existe un proverbe en Bulgarie qui dit que le talent rend les efforts inutiles. Et c'est grâce à ça que j'en suis là aujourd'hui. J'essaie de marquer de beaux buts, de faire de belles passes décisives. Mais vous ne me verrez jamais courir aux quatre coins du terrain. Jamais. »

Nonchalant, voire paresseux, c’est quasiment la première et la seule fois où Sir Alex n’a pas réussit à changer la mentalité d’un joueur. Sauf que « Berba » est indispensable, dans son rôle de joker de luxe. Ferguson adore ce genre de numéro neuf, qui chauffe le banc la plupart du temps mais qui marque dès qu’il entre jeu. On pense bien évidemment à Ole Gunnar Solskjaer, Alan Smith, Louis Saha, Carlos Tevez ou encore Chicharito. Sauf que bien qu’il les adore, la plupart n’ont pas son temps.

En 2010-2011, « Berba » prend une autre dimension. Il termine co-meilleur buteur du championnat avec 21 buts en compagnie de l’Apache Carlos Tevez,  en ayant débuté beaucoup de matches sur le banc car en froid avec Fergie. Il rythme sa saison par des performances assez incroyables : triplé contre Liverpool, quintuplé contre Blackburn. Appréciez.


« Je suis un gars détendu. J’ai toujours joué de cette manière et je ne vais pas changer mon style. Je regarde des matches et je vois des gars qui paniquent quand ils reçoivent le ballon, ils ont l'air si nerveux. Je suis tranquille, car je sais parfois ce que je veux faire avant de recevoir la balle. »

Il claque donc 21 buts en jouant à son rythme, sans jamais forcer.  Et ça, Sir Alex commence à en avoir ras-le bol. Comme une sanction, il ne sera même pas sur la feuille de match de la finale de Ligue des champions contre le Barça (perdue 3-1). Il lui a préféré Michael Owen sur le banc. Comment se passer d’un joueur qui sens le jeu, qui fait le jeu et qui régale ? (comme dans la vidéo ci-dessous)


Fin de l’aventure Red Devils
Après cette saison pleine de déception. « Berba » va redoubler de nonchalance, comme s’il voulait dire à Ferguson « Je ne t’aiderai pas). Berbatov aura été LE joueur incompatible avec le Manchester de Sir Alex. Toujours présent, toujours décisif, toujours buteur, mais jamais il n’aura eu l’entière confiance de l’écossais. Il ne lui pardonnera jamais la finale de la Ligue des champions qu’il lui a volé. « Lorsque je suis parti de Manchester United, je n’ai pas dit au revoir à Alex Ferguson. Il ne le méritait pas. » Rancunier.

Départ par la petite porte donc vers Fulham, après avoir refusé des offres de la Fiorentina et de la Juve pour rester en Angleterre. Entre temps, Berbatov, blasé par une carrière monotone, a lâché la sélection bulgare et a demandé à ne plus recevoir le trophée du joueur bulgare de l’année alors qu’il cire le banc. « Il faut que ce soit un jeune joueur en devenir qui l’obtienne ». Il fait tout de même une saison correcte avec 15 buts en 33 matches, sur ses bases quoi. Et ils n’oublient pas de répondre à ses détracteurs, notamment à Sir Alex. Le 26 décembre 2012, après un but victorieux contre Southampton, Berbatov enlève son maillot, exhibe son tee-shirt et montre du doigt ce message : « Keep calm and pass me the ball ». Autrement dit : « Reste calme et donne-moi le ballon. » Un pied de nez gigantesque à ses détracteurs.  Au passage, on note ci dessous que le bulgare a écrit à la main. Sûrement par flemme de le faire floquer.



Une demi-saison de plus à Fulham, mais un peu sans envie. 4 buts en 18 matches et voilà Monaco qui l’arrache dans les dernières heures du mercato hivernal. Il signe pour 6 mois. Les observateurs sont sceptiques. Mais « Berba » est sûr de sa force et marque son premier but décisif dès son deuxième match en qualifiant Monaco pour les quarts de finale en Coupe de France face à Nice (1-0 a.p.). Après quelques matches de rodage comme remplaçant avant de se lancer dans le bain. Résultat un but face à Sochaux, et un but et deux passes décisives contre Lyon. Bon, on vous l'accorde, il est hors-jeu sur les trois actions, mais le bulgare est fourbe...



Aujourd’hui, Berbatov commence à faire taire ceux qui l’avait enterré. Toujours dans le coup, il se montre décisif à Monaco et reprend plaisir à jouer au football. Comme nous l’avions indiqué sur Twitter, il a été impliqué sur 5 des 7 buts de son club avec 2 buts et 3 passes décisives. De quoi donner envie aux dirigeants monégasques de prolonger le plaisir.  « Pour l’instant, son contrat court jusqu’à la fin de saison. Mais notre volonté est de le prolonger, si tout se passe bien. Donc on va s’asseoir et discuter des possibilités. » Voilà ce qu’en pense Vadim Vasilyev, le vice-président de Monaco. Match après match, Berbatov prouve qu’il peut être bien complémentaire avec les très mobiles Germain et Rivière. De quoi faire des étincelles ? En tout cas, chez Numero-Neuf, on serait ravi de le voir rester.



Kevin Charnay